Pour le chercheur culturel Bùi Hoài Son, membre permanent de la Commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée nationale, le tourisme nocturne représente une avancée significative pour le développement du tourisme et de l’économie de la nuit en général.
“Bien que le tourisme se développe bien au Vietnam, le monde de la nuit y demeure une lacune. Cela s’explique par l’absence de modèles adaptés permettant d’exploiter pleinement le potentiel et les avantages de la filière”, affirme le Dr. Bùi Hoài Son.
Selon lui, le tourisme nocturne entraîne l’augmentation de la consommation, des achats et aussi des recettes fiscales. De plus, il ouvre de nombreuses opportunités d’emploi pour les habitants locaux. En outre, la filière de la nuit représente un enjeu socioculturel important, favorisant la sociabilité entre les gens, l’échange culturel, artistique… et alimentant la création. Elle permet aux voyageurs d’interagir avec la culture locale, leur offre une expérience nouvelle et passionnante. “Certains endroits ne brillent vraiment qu’à la nuit tombée, avec des lumières, de la musique et des activités spéciales, renforçant l’expérience touristique et créant des souvenirs mémorables aux visiteurs”.
D’après Bùi Hoài Son, l’activité touristique nocturne existe bel et bien dans plusieurs pays tels que la France, le Japon ou la Thaïlande, ce qui a incité le Vietnam à faire progresser cette filière. D’où le projet publié récemment par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme sur quelques modèles de développement de l’offre touristique nocturne. Une option pour affirmer la marque, améliorer la compétitivité du tourisme national et apporter des expériences inoubliables aux voyageurs.
Sans irriter les habitants
Cependant, sa mise en œuvre se heurtera à des défis en raison du manque de cadre juridique complet. “Par conséquent, l’expérimentation de modèles de la vie nocturne festive dans certains endroits célèbres pourra apporter des enseignements précieux pour l’essor du monde de la nuit et de l’économie nocturne dans notre pays en général”.
En vue d’un développement durable, une collaboration renforcée entre les professionnels du tourisme et les acteurs de la vie nocturne est nécessaire. Cela permettra d’établir un cadre juridique solide tout en créant des expériences touristiques insolites pour les visiteurs.
Aux yeux du chercheur en culture, en plus de la problématique associée au cadre juridique, il est impératif d’aborder les aspects négatifs du tourisme nocturne pour une meilleure gestion. “Nous devons anticiper des difficultés dans la mise en œuvre de ce projet, non seulement liées aux réglementations légales, mais aussi aux pratiques commerciales et à la prestation des services touristiques”.
D’abord, il est nécessaire de prendre en considération l’ordre public : tranquillité, salubrité et sécurité publiques. L’administration doit prendre les mesures permettant de lutter contre le tapage nocturne ou bien contre les troubles que peuvent créer le déroulement de manifestations. Plus précisément, on peut citer les nuisances sonores ou la pollution lumineuse qui irritent les habitants.
Ensuite, “le développement du tourisme nocturne pourrait entraîner une sur-fréquentation des sites touristiques en soirée, au détriment de la durabilité, ayant un impact négatif sur la qualité de l’expérience touristique et irritant les populations locales”.
Pistes de solutions
Ainsi, pour assurer l’efficacité du tourisme et de l’économie de la nuit tout en évitant les phénomènes indésirables, le Dr. Bùi Hoài Son est d’avis que les autorités compétentes doivent mettre en place des mesures de gestion strictes. Cela devrait inclure la régulation du nombre de visiteurs, la surveillance des opérations des entreprises et la garantie du respect des règles de sécurité.
Il est clair que pour le succès du tourisme nocturne, des investissements appropriés dans les infrastructures telles que l’éclairage des rues, les installations publiques et les transports en commun sont nécessaires afin d’assurer la commodité et la sécurité des visiteurs. Ceci peut requérir des financements conséquents ainsi que des efforts de la part des autorités locales, des communautés et des agences de voyage.
De plus, la formation des professionnels de la nuit s’avère indispensable.
Enfin, “des règles et des politiques de soutien doivent être instaurées pour inciter les entreprises touristiques de l’environnement et de protection des droits de la communauté locale”.